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Le Drageoir à épices (1874)

blue  Sonnet liminaire
blue  I. Rococo japonais
blue  II. Ritournelle
blue  III. Camaieu rouge.
blue  IV. Déclaration d’amour
blue  V. La Reine Margot
blue  VI. La Kermesse de Rubens
blue  VII. Lächeté
blue  VIII. Claudine
blue  IX. Le hareng saur
blue  X. Ballade chlorotique
blue  XI. Variation sur un air connu
blue  XII. L’Extase
blue  XIII. Ballade en l’honneur de ma tant douce tourmente
blue  XIV. La rive gauche
blue  XV. A maïtre François Villon
blue  XVI. Adrien Brauwer
blue  XVII. Cornélius Béga
blue  XVIII. L’Emailleuse

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XII. L’EXTASE

La nuit était venue, la lune émergeait de l’horizon, étalant sur le pavé bleu du ciel sa robe couleur soufre.

J’étais assis près de ma bien-aimée, oh ! bien près ! Je serrais ses mains, j’aspirais la tiède senteur de son cou, le souffle enivrant de sa bouche, je me serrais contre son épaule, j’avais envie de pleurer ; l’extase me tenait palpitant, éperdu, mon âme volait à tire d’aile sur la mer de l’infini.

Tout à coup elle se leva, dégagea sa main, disparut dans la charmoie, et j’entendis comme un crépitement de pluie dans la feuillée.

Le rêve délicieux s’évanouit... je retombais sur la terre, sur l’ignoble terre. O mon Dieu ! c’était donc vrai, elle, la divine aimée, elle était, comme les autres, l’esclave de vulgaires besoins !