Nouvelle Revue

15 mai 1894.


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UN DISCIPLE DE M. ZOLA

M. J.-K. HUYSMANS


Si je voulais tracer un portrait de M. Huysmans romancier, je dégagerais de ses oeuvres les traits les plus saillants, et je les assemblerais en un visage unique. Ce visage aurait deux nez de formes différentes, un regard double, bonhomme et mystique, deux bouches aux lèvres les unes ironiquement sensuelles, les autres très minces, très pâles et suprêmement dédaigneuses. Il parait préférable de séparer les deux physionomies et d’expliquer par quelles modifications progressives il se trouva un beau jour que la seconde avait pris la place de la premiére.


I

Le vrai début de M. Huysmans dans le roman a été les Soeurs Vatard (1). C’est l’histoire de deux ouvrières brocheuses, dont l’une est sage et l’autre ne l’est pas. Celle-ci, Céline, roule d’un « beau brun » à « un gringalet chauve », d’un Alphonse qui se nomme Anatole à un peintre passablement raffiné, qui s’appelle Cyprien Tibaille. L’autre, Désirée, est une petite personne rangée, écoeurée des folies de conduite de sa soeur; elle cherche un mari et elle le trouve, d’ailleurs sans intrigue, honnêtement.

Ce roman s’inspire des idées de M. Zola. Et d’abord, pour Ie disciple comme pour le maitre, l’amour surgit du sang qui « fourmille et danse dans les veines »; et l’intensité du sentiment se mesure à la richesse du tempérament. Voyez Céline: c’est « une solide gaillarde »; au contraire, comme Désirée est raisonnable, l’auteur s’est cru obligé à lui donner « de grands yeux affaiblis ». — C’est encore aux héroïnes de M. Zola que Céline et Désirée sont redevables de leur irrésistible faiblesse sous la tiédeur des effluves atmosphériques. Lorsqu’on lit à la quatrième ligne du chapitre III: « Il faisait tiède, ce soir-là », on peut prédire, sans nul risque d’erreur, ce qui se passera à la page suivante; et cette certitude d’impression dans l’espèce est le plus véridique poinçon de tout roman naturaliste. Le poinçon accuse un indéniable parti pris de simplification excessive.

Attribuer à l’amour un pareil mode de naissance, cela conduit forcément à une certaine conception de ce sentiment, qui n’est pas très haute et point du tout compliquée. On la devine de reste. Mais une difficulté se présente. Ce serait folie de prétendre expliquer, par un instinct physique qui s’irrite, l’amour dans le mariage. Un caractère particulier du mariage, c’est que l’amour le plus souvent s’y mue peu à peu en une affection très solide, mais où les hurlements de la chair et les pièges de la température cèdent la place à certains sentiments, pourrait-on dire, intellectuels. Comment interpréter, sans déserter le naturalisme, cette modification de l’amour par le mariage? — M Huysmans a résolu le problème dans le même sens que M. Zola. Ce que l’amant de Désirée, Auguste, « aime dans le mariage », c’est « cette tiédeur de bien-être, cette entente contre les misères », dans une maison « où l’on trouve du feu plein la cheminée, du vin plein les verres, du rire plein les bouches ». Objectera-t-on que cette médiocrité d’idéal n’est pas une invention du naturalisme, qu’elle convient à cet ouvrier qui n’a pas le couvert et le gite assez assurés pour se permettre de se nourrir de rêves entre ses repas? Songez donc! à brocher, il gagne 0 fr. 40 par heure. — Soit. Mais, voici, dans En ménage, un romancier; il a sinon la richesse, du moins l’aisance; il aurait donc le loisir d’attendre du mariage autre chose que cette délicieuse chaleur dans l’épigastre, indice du bien-être physique. Écoutez-le chanter les joies du mariage à un réfactaire: « — Je me suis marié, dit-il, parce que j’étais las de manger froid dans une assiette en terre de pipe... J’avais des devants de chemise qui bâillaient et perdaient leurs boutons... Le mariage, c’est une caisse d’épargne où l’on se place des soins pour ses vieux jours. » Ecoutez aussi le Jacques Marles d’En rade, esprit plus délicat encore, intelligence affinée, mieux que, cela, coeur généreux et bon, puisqu’il ne regrette pas d’avoir épousé, contre le gré de sa famille, lui, bourgeois aisé, une quasi-paysanne sans dot; ce qu’il a cherché dans le mariage, c’est « l’atmosphère douillette, le milieu duveté, la société de la femme tenant la chambre dans une température ordonnée, égale ». La conclusion est claire, de même que l’amour-passion n’est que l’impuissance à résister aux tiédeurs de l’atmosphère, de même l’amour-amitié n’est autre chose qu’un besoin de tiédeur au logis.

Le naturalisme a son style, qui lui est propre. De là vient que ce style ne diffère en rien, dans les Soeurs Vatard, de ce qu’il est dans l’histoire des Rougon-Macquart. En voici des exemples: — « Céline fut à ne plus toucher avec des pincettes... Tout le reste ne travaillait, les ouvrières que pour bafrer les frites, les ouvriers que pour s’enfourner à tire-larigot des chopines de vin blanc et laper des Iitres de vin bleu... La voisine opinait de la hure. » Si même on peut juger que M. Huysmans a dépassé la note de vuIgarité que lui donnait M. Zola, c’est là travers d’élève, et dés meilleurs.

Or dans ce devoir d’élève deux choses appartiennent vraiment à l’auteur: le mépris de la femme et un certain goût de l’extraordinaire. Ces deux traits sont réunis dans le peintre Tibaille, qui n’a, aussi bien, nul autre rôle que de représenter ici l’originalité de M. Huysmans. Par le seul effet de sa présence, il extrait de la cervelle triviale de Céline Vatard des admirations bien sottes, des niaiseries tout à fait monstrueuses et très vraisemblables. Je recommande spécialement cette promenade de Tibaille et de Céline à Bercy, — lui écoutant, résigné; elle, en toilette « des dimanches », très désolée que son amant refuse de la promener aux Champs-Elysées où sa belle robe serait mieux appréciée, se consolant au reste par quelques observations: « Elle ne pouvait supporter les gens à lorgnon, examinait le doigt de chaque femme assise à côté d’un homme pour voir si elle avait l’anneau, et disait tout bas à Cyprien: « Elle n’est pas mariée, tu vois. » — C’est de ce mépris que résultent la haine de l’amour, la haine de la réalité, où l’amour règne, et, par suite, le désir de quelque chose d’étrange (2). Par là, Tibaille est déjà presque le des Esseintes d’A rebours. Que lui manque-t-il pour l’être tout à fait? Des raisons plus solides de mépriser l’amour que la bêtise d’une Vatard, et une passion plus décidée pour une réalité non seulement déformée, mais transformée, pour ce qui est hors la nature. Le but d’En ménage et d’En rade est d’accumuler ces raisons de mépriser l’amour et le mariage, et, par suite, de désirer l’étrange, l’artifice.



II

En ménage, c’est, à juger du dehors, l’énumération complaisante des milliards de petits désagréments qui de toutes parts piquent, harcèlent un mari trahi par sa femme et séparé d’elle: brutalités des concierges, vols des blanchisseuses, sophistications des restaurants, incertitudes déconcertantes des amours éphémères. C’est donc la glorification du mariage, en tant qu’il délivre l’homme de ces maux effroyables. Dans le fond, puisque le mariage et l’amour manifestent — peut-être avec raison — des prétentions plus hautes, c’en est la condamnation haineuse. Quatre femmes traversent le livre. D’abord la bourgeoise, femme du romancier André. Des appétits de jouissances et de luxe, le dégoùt des mesquineries de ménage économique qui, chez son oncle, l’humiliaient, voilà de quels éléments est fait dans son coeur l’amour du mariage. Une fois mariée, n’ayant rien dans la cervelle, rien que l’instinct de la ruse et du mal, bien que de sens froids, elle trompe son mari. Celui-ci la chasse; il la reprend, à la fin du roman. A un degré supérieur la fille, — bonne fille, mais dont l’amour a un défaut très grave, celui de ne pas fournir à l’homme un intérieur, de ne pas le cotonner dans ces menus soins et ce bien-être physique qui sont, pour André, le charme du mariage. A un degré plus haut encore, l’ouvrière Jeanne, une ancienne amie retrouvée, très gentille, désintéressée, dans la mesure où une ouvrière besogneuse peut se permettre le désintéressement sans nier les exigences de la vie; un joli petit animal de joie, de joie relativement fine. Par malheur, André ne pouvant l’entretenir, elle le quitte pour un engagement en Angleterre. Enfin, au degré le plus élevé, Mélie, la femme de Tibaille (le même personnage que nous avons vu dans les Soeurs Vatard, mais moins affiné, je ne sais pourquoi; une façon de rapin bon enfant); Mélie, c’est une grosse femme qui s’entend à cuisiner de saine et bonne cuisine, et enveloppe le peintre d’une affection sincère, bien chaude, sans ruse, sans malice — et sans élégance.

C’est là encore du naturalisme, puisque la beauté de toutes ces amours est en proportion du contentement dont elles affectent l’estomac, et que la femme idéale est celle dont la tendresse favorise le plus l’agréable fonctionnement de l’organisme physique. Mais ce naturalisme est ébréché déjà par une inconséquence d’André. Il se sépare de sa femme parce qu’elle l’a trompé; pure étourderie: en quoi l’épouse a-t-elle manqué à ses devoirs, lesquels lui prescrivent de soigner l’estomac et le linge de son mari? Donc la conduite d’André est illogique. Et ainsi elle est plus vraie. D’où il ressort — soit dit en passant — que ce que perd le naturalisme, c’est parfois le réalisme qui le gagne, et que le naturalisme décidément est bien un idéalisme, un idéalisme à rebours, mais un idéalisme.

A cette conception plutôt réaliste que naturaliste de la vie s’adapte une conception nouvelle de l’art, à savoir un réalisme minutieux, qui ne dédaigne aucun détail, si insignifiant qu’il paraisse, un réalisme surtout extérieur, physique, celui de certains peintres flamands qu’aussi bien M. Huysmans aime, admire avec une piété de petit-fils (3). « Il s’effaçait contre la muraille, laissant le passage libre à une femme qui descendait l’escalier, escortée d’une portée de gosses grognant, le nez plein, remuant des boîtes à lait, les tapant comme des cymbales (4). » Ne serait-ce point là le sujet d’un tableautin de Téniers? Non. C’est possible; en ce cas, le maitre flamand aura oublié de le peindre; M. Huysmans, en trois lignes, a réparé l’oubli; et je doute que Téniers, là-haut, soit mécontent de son petit-neveu.

Cette netteté de dessin dans la familiarité du sujet est le premier trait de cet air de famille qui rattache M. Huysmans à plusieurs peintres flamands d’autrefois. En voici un autre, plus singulier encore. Tandis que le Français, en peinture ou en littérature, peint ou exprime une idée, un sentiment ou un effet plastique unique, et combine toutes les conditions de son oeuvre de sorte à mettre ce sujet en sa pleine valeur, le Flamand donne à de nombreux détails une importance propre, par cela même excessive. De là une perspective tout à fait étrange: une lumière égale tombant sur plusieurs parties du tableau, les rapports entre les choses sont marqués non plus par la diversité des plans, mais presque exclusivement par la variété des formes et des couleurs. Dans la Kermesse de Téniers, dans ses Fêtes de village, comme dans tous ses tableaux où de nombreux personnages s’étagent en divers plans, plusieurs d’entre ces personnages, quoiqu’ils dussent nous apparaitre sous des angles inégaux, ont pourtant mêmes dimensions, les figures ont même largeur, même hauteur; et l’on est tout surpris d’apercevoir, dans le fond d’une toile, deux blancs d’yeux très développés, qui devraient être en une pénombre et cependant jaillissent de la toile comme sous un éblouissement de lumière. — Les premières pages d’En ménage offrent un exemple frappant de ce caractère. André et Cyprien sortent d’une petite réunion dansante, échangent, se promenant de la rue au clair de la lune, leurs idées sur le mariage. Pendant ce temps, nous assistons au manège de leurs ombres étudiées minutieusement. « Tantôt leurs ombres se brisaient le long des boutiques fermées, tantôt les précédaient ou les suivaient, étalées à plat sur les dalles, pâles à certains moments, foncées à d’autres. Souvent elles s’enchevêtraient, s’unissaient des épaules, ne formaient plus qu’un tronc ramifié de bras et de jambes, surmonté de deux têtes, etc. »

Supposez qu’entre un pareil détail et le détail contigu il existe non une différence, mais un contraste, et un contraste non seulement d’importance, mais de sens: de ce contraste naîtra une ironie. L’Été de Téniers représente deux vagabonds s’arrêtant devant une petite-maison de ferme; ils paraissent fort embarrassés, n’ayant sans doute en poche, pour entrer dans la ferme, pas un maravédis; dans un angle, sort d’une lucarne une tête de porc qui plonge dans une auge bien garnie en regardant en dessous les deux vagabonds. Dans son Enfant prodigue à table, qu’il serait intéressant de comparer au tableau du sensible Greuze, l’attendrissement du retour se renforce d’une joie de nourriture, de bien-être; un homme est debout, le nez enluminé, leçon vivante adressée à l’enfant prodigue et qui lui enseigne que sa faute a été moins d’affliger ses parents que de s’exposer à mourir de faim, et surtout de soif, (5). — Reportons-nous maintenant à En ménage. André et Cyprien viennent de se séparer, André est au pied de l’escalier qui conduit à son logis; il frotte une allumette, « se défiant du paillasson qui faisait saillie à la première marche »; et il ne lui échappe nullement, au fur et à mesure de l’ascension, qu’à chaque palier « les boutons de cuivre des portes étincelaient, puis, qu’aussitôt que la flamme de l’allumette était morte et que le bois se consumait en braise, un point rouge se piquait sur le vernis des murs ». Ces remarques décèlent une tranquillité d’esprit, une absence de toute préoccupation, qui amusent — qui amusent plus encore, lorsque, après avoir multiplié les remarques de ce genre, il entre chez lui et surprend avec sa femme un amant qu’il n’attendait guère. Après cette découverte inopinée, il quitte sa maison et va rejoindre son ami Cyprien. Chemin faisant, il rencontre un ouvrier, « le paletot jeté sur la blouse, l’épaule gauche plus haute que l’épaule droite, par suite de l’habitude qu’ont la plupart des gens du peuple de porter toujours leurs outils et leur pain dans le même bras », observation très juste, niais qu’on aurait pardonnée au pauvre mari de ne pas faire en un pareil moment. Une autre fois, dans un café, assis à côté de deux voyageurs qui sont occupés à reboucler leurs bagages et dont l’un venait de donner une pièce au garçon, « si anéanti qu’il fût, il sourit, observant que le garçon rapportait comme d’habitude la monnaie à celui des deux voyageurs qui ne lui avait pas remis la pièce ».

Remarquez que l’auteur n’appuie pas sur ces ironies, qu’il ne semble même pas se douter qu’il est une ironie dans ces juxtapositions de détails discordants, que même, ces juxtapositions, on dirait qu’elles se sont opérées d’elles-mêmes, à son insu. Et ce comique fait sourire d’abord; puis, par l’accumulation de ces choses minuscules, contraint le rire à éclater irrésistiblement. Regardez de près les toiles naïves de Téniers, après avoir lu En ménage: vous serez émerveillé qu’un peintre et un romancier, sans traiter les mêmes sujets, puissent frapper le spectateur et le lecteur de deux impressions si rigoureusement semblables.

Pour toutes ces causes, En ménage occupe un rang à part dans la foule, et même dans l’élite, des romans qui ont paru deptiis une quinzaine d’années. C’est là véritablement l’oeuvre de M. Huysmans, la projection la plus complète et la plus saisissante de son originalité. On lui pardonne le mépris d’André, pour l’amour, d’abord parce que les femmes que le pauvre mari rencontre sur sa route, tout compte fait, ne méritent pas mieux; ensuite parce qu’il n’a pas l’air de le prendre au sérieux plus que de raison. Malheureusement la boutade allait se développer, se fixer en une théorie; et le désaccord, déjà entrevu dans les Soeurs Vatard, entre la familiarité des détails et l’obsession de l’étrange, allait s’aggraver dans En rade.

En rade nous conte le séjour à la campagne d’un ménage ruiné par la faillite d’un banquier. Jacques Marles est un livresque; préhistorique, théologie, kabbale, il a touché à tout, tout lu, et n’a rien digéré; de là, autour de son cerveau, une atmosphère trouble, indissipable, à travers laquelle il n’aperçoit la réalité que déformée, presque monstrueuse. Il fait des rêves fantasmagoriques, dont le récit remplit dix-huit pages (6). Au contact de ces extravagances maladives, le sens pratique de Louise Marles, par réaction, se précise chaque jour et s’affermit: une pitié d’abord lui vient pour cette faiblesse, pitié où Jacques, peut-être avec raison, croit lire un mépris. Et de ce mépris qu’elle éprouve pour lui, il la méprise elle-même; et aussi ce roman apparait comme une dernière expérience tentée par l’homme sur l’amour, comme un dernier regard dédaigneux accordé à cette réalité vile dont l’amour est un des éléments, le plus puissant peut-être. Cette réalité, Jacques Marles, devenu des Esseintes dans A rebours, va la rejeter loin de lui d’un geste de dégoût et d’horreur.



III

Pour les raisons que nous verrons tout à l’heure, on ne peut séparer A rebours de Là-bas. Il convient donc de dégager de l’étau où l’enserrent ces deux olivrages, une délicieuse nouvelle, Un dilemme.

A quels mobiles obéissait M. Huysmans en publiant presque aussitôt après A rebours, roman antiréaliste, cette petite merveille de réalisme? Était-ce dans son intention une halte rafraichissante entre les fièvres chaudes d’A rebours et de Là-bas? Quelle qu’ait été l’intention, il faut lui savoir du fait un gré infini. Le dilemme en question est posé par le notaire, maitre Le Ponsart, à Mlle Sophie Mouveau, maitresse de feu Jules Lambois, petit-fils lui-même du notaire. Enceinte des oeuvres de son amant, Sophie attend de la famille du défunt au moins une pension alimentaire. Or Jules, pour éviter les reproches, avait fait passer Sophie pour sa bonne. De là ce dilemme du notaire: « Ou vous êtes la bonne de Jules, auquel cas vous avez droit à une somme, de trente-trois francs soixante-quinze centimes (pour un mois); ou vous êtes sa maitresse, auquel cas vous n’avez droit à rien du tout. »

Le seul énoncé du dilemme fait penser aux meilleures nouvelles de Maupassant. C’est d’ailleurs presqu’un personnage de Boule-de-Suif que ce notaire libidineux, sans pitié, pour la pauvre Sophie, maigre et mal vêtue, tandis qu’il « eùt éprouvé une indulgence instinctive pour une belle drôlesse grassouillette et chaussée de bas de soie et de mules de satin ». Ce qui évoque aussi, à la lecture de cette nouvelle, le nom de Maupassant, c’est l’absence de l’auteur, l’impersonnalité impeccable du récit. Non qu’il y ait eu imitation, mais tout simplement affinité de deux esprits, de deux ironies. Au reste, à côté de cette ironie, soeur de l’ironie de Maupassant, Un dilemme en recèle une autre, qui appartient en propre à M. Huysmans; c’est l’ironie d’En ménage, non plus l’ironie de Monsieur Parent ou de Notre coeur, qui nait d’un contraste entre la laideur ou la niaiserie des choses et l’idée grave que les hommes se forment de ces choses, mais plutôt l’ironie d’un Téniers qui trainsporterait du dehors au dedans de quelques âmes vulgaires sa vision minutieuse et familière des détails. Voyez Mme Champagne, la protectrice de Sophie, cette commère respectée de la pauvre fille, parce que c’est « une commerçante, qui avait été réellement mariée »; toute-puissante dans son quartier parce « qu’elle adressait des placets aux grands noms de France qui les accueillaient souvent sans qu’on sût pourquoi »: type admirable de ces gros bonnets des basses classes, exerçant dans leur quartier un ascendant mystérieux. Et quelle charmante discrétion pour nous laisser deviner qu’elle a traversé, elle aussi, autrefois, des aventures semblables! « La famille te doit une pension alimentaire, dit-elle à Sophie; je ne suis pas ferrée sur la justice, mais je sais cela. » Enfin on ne peut oublier cette bonne Mme Dauriatte, parasite de Mme Champagne, amie de la Iiqueur et s’abandonnant parfois à des confidences: elle se rappelait que son défunt mari portait de l’or sur ses habits; elle ne pouvait dire au juste s’il avait été maréchal de France ou tambour-major, vendeur de pàte à rasoir ou Suisse ». Reconnaissez-vous encore le réalisme familier des maitres flamands et hollandais, qui approche de la charge autant qu’il est possible, jusqu’à l’effleurer et reste toujours du franc réalisme? N’était-ce pas grand dommage, en vérité, que M. Huysmans eût déjà publié À rebours et surtout qu’il préparât Là-bas?



IV

A rebours et Là-bas représentent la dernière manière, ou du moins la plus récente, de M. Huysmans. Dans Là-bas, des Hermies dit à Durtal, qui ressemble à M. Huysmans comme un frère: « Il y a toujours eu entre toi et les autres réalistes une telle différence d’idées qu’un accord péremptoire ne pouvait durer. Tu exècres ton temps et eux l’adorent. » Donc, en ces premières pages de Là-bas, qui sont comme un exposé dogmatique de ses théories nouvelles, l’auteur des Soeurs Vatard, d’En ménage, exulte de mépris pour le réalisme, et, avec une franchise admirable, il proclame son abjuration. Autrefois, il réservait au seul réel, au réel visible et tangible le droit d’existence littéraire; aujourd’hui, il se prend à croire que « la curiosité de l’art commence là où les sens cessent de servir ». N’accusez pas l’auteur d’incohérence; il y a un lien très étroit entre son réalisme d’hier et sa haine présente du réalisme: l’ètude acharnée de la réalité lui en a donné le dégoût, — dégoût « des discussions avec les blanchisseuses et les gargotes », dit Durtal (7). Or à ces mots vous le reconnaissez: c’est l’Auguste des Soeurs Vatard, le Cyprien, l’André d’En ménage, le Jacques Marles d’En rade. L’un après l’autre, tous quatre ont multiplié les expériences d’amour; même le mariage n’a pu leur procurer la rade bienheureuse qui met à l’abri de tous les courants d’air. Et c’est pourquoi l’auteur renie le réalisme; et quand un réaliste passionné s’humilie devant de nouveaux dieux, il ne s’humilie pas à demi; des hardiesses les plus téméraires du réalisme il a sauté d’un bond aux plus hardies témérités de l’artificialisme.

Le personnage unique d’A rebours, le duc Jean des Esseintes, « ce grêle jeune homme aux joues caves, aux mains sèches et fluettes », descendant anémié d’athlétiques soudards, estime que « la nature a fait son temps et que l’artifice est la marque distinctive du génie de l’homme ». C’est un bIasé. Las de Paris, ayant épuisé toutes les débauches dont est gonflée la joyeuse ville, il se retire en un coin ignoré de banlieue, et là, dans une petite maison, il se compose une existence toute nouvelle, qui sera une négation absolue de tout ce qui a été vu jusqu’alors, un prodige de mensonges. Il charmera ses loisirs innombrables à contempler en extase raffinée les reliures somptueuses de ses livres, à jouer Ia gamme des liqueurs, à regarder des valses de couleurs, à étudier le style des odeurs, à créer des paysages à l’aide de parfums. Il a, dans sa salle à manger, « un orgue à bouche », dont le curaçao est la clarinette, le kümmel le hautbois, où la menthe, « à la fois poivrée et sucrée », file les sons « à la fois piaulants et doux » de la flûte, où le kirsch « sonne furieusement de la trompette », où la bénédictine enfin figure « le ton mineur de la chartreuse ». Il a, dans son cabinet de toilette, des rayons d’ivoire où s’étagent des flacons de parfums, et il constate des correspondances entre le musc et « le style parfumé Louis XIII », entre la frangipane et « les grâces fatiguées du style Louis XV », entre l’eau de Cologne et « I’incuriosité littéraire du premier Empire », entre les sélams et le romantisme, enfin entre l’Hovénia du Japon et la littérature moderne. Avec ses divers vaporisateurs, il injecte dans sa chambre telle ou telle essence; et, selon l’essence, il se promène dans un pré, respire les senteurs d’un boudoir, circule entre des usines; puis « làchant la bride à tous ses baumes », il s’entoure « d’une nature pas vraie et charmante, toute paradoxale, où tous les climats, toutes les couleurs du ciel, toutes les espèces d’arbres se mélangent et se confondent ». Mesurez la distance qui sépare cette nature « pas vraie et charmante » de l’esthétique d’En ménage: elle parait assez grande,

Encore est-elle mesurable. C’est que des Esseintes n’a parcouru jusqu’ici que les deux premiers stades de l’artificialisme, celui où l’on imite ce qui est, puis celui où I’on imite ce qui n’est pas, ne peut pas ètre. Reste un troisième stade, celui où, au lieu de reproduire la nature par l’artifice, on reproduit l’artifice par la nature. Je m’explique. Tandis que le vulgaire s’égaye à imiter avec des fleurs fausses les fleurs naturelles, des Esseintes, lui, se sert de fleurs naturelles pour imiter des fleurs fausses: du virginale, il fera des fleurs de taffetas d’Angleterre; du Madame-Mame, des fleurs de zinc; du Bosphore, des fleurs de calicot (8). Nous voilà bien à rebours de toute réalité.

Après quelques mois de ces orgies, après ces débauches inouïes de songes et de mensonges, de chimères malsaines, d’imaginations fantastiques, de caprices déments, de délires, des Esseintes tombe malade. Un médecin, appelé, exige le départ immédiat du jeune homme pour Paris, et celui-ci retourne à Paris, furieux, pestant contre l’écoeurante boue de banalité où il est obligé de se replonger. — Des Esseintes se vantait. Cette maladie, qui offre plusieurs symptômes de la folie, était dès longtemps évidente au diagnostic le plus distrait. N’est-ce pas pour la fuir déjà qu’il avait fui Paris? La cause vraie de ce retour (et qu’il a honte d’avouer), c’est que de cet artifice exaspéré à la millionième puissance, il est las déjà, et qu’ayant reculé les limites du faux jusqu’à l’horizon le plus lointain sans découvrir — non pas le bonheur — seulement un relâche à l’obsession du spleen, il ne lui reste pas la moindre réserve d’espérance... De cette chasse rageuse, affolée, épuisante, à l’artifice, il ne lui est rien demeuré, rien que la gloire d’être sous ce nom de des Esseintes, qui, à lui seul, est une trouvaille, le type le plus complet, le type légendaire du blasé à l’intelligence vive et faussée, au spleen inguérissable.

A rebours est terminé. Qu’est devenu des Esseintes? Toujours en marche, toujours en quête, le voilà, sous le nom de Durtal, dans la direction de là-bas, hors d’humanité.



V

A rebours avait été une insulte au réalisme d’En ménage; Là-bas parfait le sacrilège en bafouant le naturalisme. Le naturalisme, qui serait appelé plus justement matérialisme littéraire, peut se définir: une doctrine qui, d’une part, recommande l’étude des « documents » (en langue claire, des faits-divers), et, d’autre part, considère l’intelligence, le coeur, en un mot, l’àme comme fonction du corps à l’égal de la digestion et de la respiration. Or, pour les documents, Durtal témoigne un dégoût aussi violent qu’il se peut concevoir, dégoût de ces « buanderies de la chair où le naturalisme se confine (9) ». Aussi bien, quoique les événements se déroulent sous nos yeux, c’est perdre son temps d’en chercher les causes près de nous. Les naturalistes, dit M. Huysmans, expliquent la folie, l’hystérie, par une lésion cérébrale. Il ne conteste point, pour sa part, la coïncidence du phénomène psychique et du phénomène physique. Encore est-ce une question de savoir si c’est la lésion cérébrale qui a engendré la folie, ou la folie qui a déterminé cette lésion. M. Huysmans adopte la seconde hypothèse. Le voilà, lui, naturaliste d’antan, aux antipodes du naturalisme: c’est la loi de l’oscillation. Il la transgresse, cette loi, par excès de bonne volonté: non content de nier que l’on puisse « expliquer le mystère par des maladies des sens (10) », il doute même que cette explication soit de ce monde, d’ici-bas. Par exemple, l’argent est un des plus puissants auteurs et fauteurs du mal; les naturalistes étudient ce mal; mais d’où vient cette puissance mauvaise de l’argent? — « L’argent, qui est ainsi maitre des âmes, est diabolique, ou il est impossible à expliquer (11). » Telle est la réponse de M. Huysmans, et eIIe nous renseigne sur ce qu’il appelle là-bas. Là-bas, c’est le diabolisme, Ie satanisme, la magie, la démonologie. Le mouvement oscillatoire a été si violent qu’au moment où M. Huysmans allait s’installer à l’opposite exacte du naturalisme, le fil a craqué et l’auteur est tombé... dans l’autre monde.

Et maintenant je ne ferai pas l’analyse du roman. Seule, l’histoire de Gilles de Rais, habilement enchâssée dans Ies dissertations sataniques, vaut qu’on l’en détache. Ce des Esseintes du XVe siècle, comme l’appelle l’auteur, devait tenter le talent et récompenser les efforts de celui qui avait créé, d’un amour raffiné, étrange, le des Esseintes du XIXe siècle. Défiguré par les calomnies, dont la collaboration a fait naltre la légende de Barbe-Bleue, son visage apparait ici dans sa vérité, du moins dans une vraisemblance qui équivaut à la vérité. Cet admirateur de Jeanne d’Arc, ce mystique qui a subi d’abord l’influence mystérieuse de la vierge-soldat, ce « terrible baron » qui devait ensuite inventer, bien longtemps avant le divin marquis, toutes les orgies et toutes les ignominies les plus effroyables du sadisme, assassin de chaque jour, chasseur de débauches inouïes, esprit délicat, alchimiste d’une haute science, le tout parmi les féeries à peine imaginables d’un luxe où il engloutissait d’intarissables richesses, — le portrait est brossé avec vigueur, avec puissance, et, malgré l’obscurité de ces temps, avec une netteté digne de l’auteur d’En ménage. Un chapitre, notamment, « le Jugement et le Supplice de Gilles de Rais », est d’une véritable grandeur et ressuscite, d’une vie intense sous la sobriété des couleurs, l’esprit de cette société qui réunissait en elle à la dévotion, à l’humilité la plus superstitieuse, une audace incroyable de sacrilège.

Cela dit, je crains que les recherches acharnées de Durtal et de des Hermies sur l’incubat et le succubat, ne passionnent personne. Mème, ces reprises, parfois, de menus détails réalistes, en ces horreurs, produisent une impression pénible, choquante presque douloùreusement. A voir trois hommes attablés devant un excellent potage, et « prenant sur le bord de l’assiette des cuillerées moins chaudes », cela entre deux dissertations sur « le thème généthliaque » et la théorie des larves, — et sans la moindre ironie, — on pense à quelque paisible et rondelet bourgeois de Condé-sur-Escaut ou de Haarlem fourvoyé dans une réunion de spirites hystériques. D’ailleurs, d’une façon générale, le rôle prépondérant assigné dans Là-bas à la gastronomie, ces ivresses d’odorat devant le « fumet incisif d’un hareng », cet éblouissement devant « une sorte de gâteau couvert d’une croûte dorée de caramel et glacée d’or » (une purée de pommes de terre), alternant avec des admirations pour les charlataneries des sorciers du moyen âge, ne laissent pas de porter sur le coeur; et il semble que ces hommes payent bien cher leur mépris de l’amour et de l’univers sensible. Quand on a suivi les amours sataniques de Mme Chantelouve et de Durtal, d’un regard en arrière on aperçoit un reflet d’idéal, de poésie, de rêve, trembloter sur ces amours d’En ménage, où se combinent à portions égales la terreur des gargotiers et l’effroi des blanchisseuses. Quand on a vu tout cela, quand enfin on a assisté à une répugnante messe noire du fameux chanoine Docre, on se sent enlevé irrésistiblement d’une fougueuse, furieuse et rageuse envie de descendre de ce « supra-naturalisme » (12) au naturalisme pur et simple, voire à quelque infra-naturalisme, — plus bas encore, et j’avouerai qu’au sortir de ce livre on éprouve comme un charme à feuilleter le Maître de forges.

Et certes le talent ne manque pas dans ce roman. Si on ne rencontre plus ici la précision, la surabondance de détails familiers, cette bonne et vigoureuse ironie flamande qui inspira En ménage et Un dilemme, jusque dans cette erreur de Là-bas l’auteur a conservé sa langue et son style, — une langue claire, nette, pleine, riche d’archaïsmes à forte saveur, de tours, de mots anciens qui sont nouveaux, puisqu’ils étaient oubliés; — un style où fourmillent les trouvailles inattendues, piquantes, d’un pittoresque encore et toujours ironique.



VI

Aussi bien est-ce là, après son réalisme méticuleux et plaisant, le second des éléments dont se compose le vrai talent de M. Huysmans. Et c’est un enchantement, à cet égard, de lire de près tous ses écrits. Bientôt averti, le lecteur est toujours dans l’attente de ces mots cinglants ou malins, de ces comparaisons neuves et étonnamment exactes ou qui font regretter qu’elles ne le soient pas, de ces expressions fortes où les choses apparaissent en un relief d’une précision saisissante; et son attente est toujours satisfaite. « Taine et ses disciples..., les petits merciers de l’histoire »; le mot est méchant, injuste, mais qu’il dit joliment le défaut de cette école, son abus des références, son débit au détail de petites anecdotes soigneusement étiquetées! — « Certains romanciers modernes qui se bornent à jeter dans les juleps de Feuillet les sels secs de Stendhal; ce sont des pastilles mi-sei, mi-sucre, de la littérature de Vichy »; pour tels d’entre ces romanciers, il y a là une grosse erreur de critique, mais n’est-ce pas dommage? — « Les dominicains, ce sont les hussards de la religion, les régiments chic et pimpants du pape, tandis que les bons capucins, ce sont les pauvres tringlots des àmes. » — « M. de Falloux, le gentilhomme couvert de bleus, répondant par de méprisants sarcasmes aux coups de savate du lutteur (Louis Veuillot). » — Et la langue latine des premiers temps du moyen âge, « cette langue gardant à peine quelques parties fermes, que les chrétiens détachaient afin de les mariner dans la saumure de leur nouvelle langue ». Et ce misérable marché de la cité Berryer, tout près de la luxueuse rue Royale, semblable à « un vésicant, à une sorte de séton dissimulé sous l’opulence du linge pour pomper l’humeur et garder le teint frais ». El voyez, pour finir sur une impression délicieuse de précision, de finesse et d’à-propos, « ces araignées, dans une grange, qui se balancent, dansant de silencieuses chaconnes, les unes en face des autres, au bout d’un fil ». On croirait, à lire ces pages, parcourir un musée de menus dessins au crayon aigu et riche, de petites gravures au pointillé ferme et cossu, toutes diverses, et dont chacune arracherait au visiteur un rire, une exclamation de joie, de ravissement, aiguisant sans cesse sa curiosité à mesure qu’elle s’émousse, l’avivant, la surexcitant, inspirant une inquiétude seulement, celle d’arriver trop tôt à la dernière pièce du musée.

Si j’étais M. Huysmans, je convoquerais chez moi bien vite l’astrologue Gévingey, le méchant chanoine Docre et le bon docteur Johannès (13), et je les prierais à eux trois d’exorciser de mon esprit des Esseintes, des Hermies et Durtal. Cela fait, je relirais Un dilemme et En ménage. Je crois que j’aurais plaisir à y retrouver mes sourires moqueurs et mes petites colères d’autrefois; et il me semble que je me dirais: « Modifier la réalité pour l’embellir, soit: cela peut consoler d’être forcé d’en voir les mesquines laideurs. Mais la déformer pour la seule et stérile joie de la déformer? — Je préfère décidément la peindre telle qu’elle est. Je la peins de si amusante façon! » J’ajouterais: « Je ne suis pas, pour cela, obligé de retourner au cours de philosophie de Zola. » Et tout bas, avec respect: « Au contraire. »


Jules MOOG.



(1) Les Soeurs Vatard, En ménage, A vau-l’eau, En rade, A rebours, Un dilemme, Là-bas, l’Art moderne, Certains.

(2) Le rève d’amour de Tibaille, c’est « d’étreindre une femme accoutrée en saltimbanque riche, l’hiver, par un ciel gris et jaune, dans une chambre tendue d’étoffes du Japon, pendant qu’un famélique quelconque viderait un orgue de Barbarie de valses attristantes ».

(3) Voir ses deux volumes de critique d’art: l’Art moderne et Certains, passim.

(4) En ménage, p. 274.

(5) On reconnait là cette conception de l’amour et du mariage qui se dégage de I’oeuvre de M. Huysmans; avant d’hériter de ses aïeux leurs procédés d’art, il portait déjà dans son sang leur philosophie.

(6) En rade, p. 250-268.

(7) Là-bas, p. 16.

(8) A rebours, p. 118-119.

(9) Là-bas, p. 20: « Ce que Barbe-Bleue m’intéresse plus que l’épicier du coin, que tous ces comparses d’une époque qu’allégorise si parfaitement le garçon de café, qui, pour s’enrichir en de justes noces, viole la fille de son patron, la Bécasse, comme il la nomme. »

(10) Ibidem, p. 5.

(11) Ibidem, p. 19.

(12) C’est le nom dont l’auteur désigne sa nouvelle conception de l’art (Là-bas, p. 20.)

(13) Personnages de Là-bas.